Uji – Asahiyaki et thé nouveau

Avril 2007, Uji, Japon.

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Uji est une petite ville située au sud de Kyoto. Au printemps on y trouve le shinsha, le thé nouveau.  La ville est traversée par une rivière au lit très large. Au milieu des montagnes environnantes, elle s’enfonce emplissant tout l’espace. Au printemps, au bord de l’eau les cerisiers en fleurs éclairent un paysage encore tout engourdi par l’hiver.
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Le thé s’achète dans les boutiques qui longent l’allée qui mène au Byodo-in, magnifique construction datant de l’époque Heian. Peuplé d’arbres qui changent de couleur en fonction des saisons,  plus que tout autre, le jardin du Byodo-in incarne l’impermanence.
Au Japon il existe un plaisir à vivre tout en sachant qu’à l’image des fleurs de cerisier, tout est éphémère. De ce sentiment lié à l’impermanence de toutes choses se dégage une forme de jouissance de l’instant que certains poètes réussissent à capturer en quelques mots. Puisque tout n’est qu’illusion, il faut jouir de l’instant. Consigner l’impression avant qu’elle ne s’efface pour pouvoir la retrouver plus tard, souvent.
Le sentiment d’impermanence est à la base de l’esthétisme japonais. C’est celui-là même qui rend les fleurs si précieuses et donne tant de charme à des baraques en bois, des murs en terre battue, des fenêtres en papier, des bols aux formes et aux couleurs imparfaites, c’est un peu aussi ce qui contribue à rendre les gens humbles, modestes et discrets.
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Le thé vert est légèrement amer. Chaud ou froid, en poudre ou en feuilles, on en consomme beaucoup. Kukai, aussi nommé Kobo Daishi, le grand saint de la secte Shingon, fut l’un des premiers à introduire le précieux breuvage à Uji pour empêcher les moines de sombrer dans le sommeil lors des séances de méditation et les maintenir en bonne santé le reste du temps.
La statue de Murasaki Shikibu est souriante. Résolument elle tourne le dos au grand pont et à la rivière comme si des batailles passées et du temps qui a fuit elle était détachée.  Uji est un peu la ville du « Genji monogatari », le grand roman écrit à l’époque Heian qui retrace la vie du Prince Genji et de sa descendance, récit des saisons d’une vie d’homme.

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Uji est un endroit qui engendre la nostalgie. Nostalgie de ce qui aurait pu être, nostalgie du temps qui a passé sur des rêves qui ne se sont pas réalisés, sur des histoires inachevées, sur une jeunesse qui ne reviendra pas. Tous ces projets restés sur l’étagère, toute cette imperfection de soi même qu’il faut bien enfin finir par accepter aussi avec tout le reste.
Sur la rive opposée un potier renommé produit des bols pour la cérémonie du thé. Les bols destinés à être utilisés en été ont une base très large pour permettre au thé de refroidir plus vite. L’intérieur du bol porte une décoration simple, quelques traits comme des traits de calligraphie. Ils évoquent les insectes et les bans de poissons qui en cette période animent la rivière. Effet de la présence du thé peut être, ces bols portent une ressemblance avec ceux que l’on trouve à Hagi.

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